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La réforme est pilotée à l’échelle fédérale dans la révision de la loi relative à l’exercice des professions de soins de santé. La loi du 18 mai 2024 modifie des dispositions pour inclure la réforme de l’art infirmier, notamment la suppression progressive du brevet A2 et l’introduction du rôle d’assistant en soins infirmiers. Cette réforme supprime également les anciennes “Commissions techniques de l’art infirmier et professions paramédicales”.
Par ailleurs, un Arrêté Royal du 20 septembre 2023 (modifié en avril 2024) fixe la liste des prestations techniques que l’assistant en soins infirmiers pourra effectuer dans le cadre de ses compétences autorisées. Le SPF Santé publique indique que l’assistant en soins infirmiers doit suivre une formation d’au moins 3 ans (3 800 heures), mêlant enseignement théorique, clinique, et stages.
L’ASI sera habilité à poser certains actes infirmiers dans des contextes “moins complexes”, de façon autonome, sous certaines limites, et dans d’autres situations travailler en équipe avec l’infirmier responsable ou un médecin. Par exemple, un projet d’AR en discussion vise à permettre à l’ASI d’évaluer la complexité d’un patient, à condition que l’infirmier responsable supervise. On parle aussi du transfert de certains actes B2 vers B1, pour alléger la charge de l’infirmier.
L’arrêté royal d’adaptation prévoit aussi l’ajout d’un acte technique : le prélèvement de sang transfusionnel parmi les compétences de l’ASI.
La formation de l’ASI sera d’un niveau 5, c’est-à-dire plus élevée que l’aide-soignant mais en dessous de l’infirmier (niveau 6). Le ministère en charge prévoit que le brevet A2 ne sera plus délivré à partir de la rentrée académique 2026, mais les étudiants inscrits au A2 avant cette date pourront terminer leur diplôme.
Certaines sources indiquent par ailleurs que la formation pour un “assistant infirmier” pourrait passer à 4 ans, avec 4600 heures de cours et 2300 heures de stages, pour répondre à l’harmonisation européenne.
L’un des points sensibles de la réforme est la différence salariale et statutaire entre le futur ASI et l’infirmier responsable. L’UGIB (Union Générale des Infirmiers de Belgique) a dénoncé qu’un professionnel formé en 3 800 heures ne peut avoir les mêmes prérogatives qu’un infirmier formé en 4 600 heures (4 ans de bachelier) sans mettre la sécurité des soins en question. Des associations francophones ont d’ailleurs porté un recours devant le Conseil d’État contre l’AR de septembre 2023 définissant les actes des assistants.
Certaines critiques soulignent que la création de ce rôle pourrait “brader” le métier infirmier, diluer les responsabilités, ou créer de la confusion auprès du public (entre “assistant” et “infirmier”).
Pourtant, ses effets dépendront largement de sa mise en œuvre : la définition précise des actes, la formation requise, les passerelles pour les diplômés A2, la reconnaissance salariale, et l’acceptation sociale.
Pour les infirmier·ères à domicile, cette évolution peut être une source d’adaptation, mais aussi d’opportunité pour redéfinir les pratiques, déléguer ce qui peut l’être, et se concentrer sur le cœur du soin. Le futur rôle de l’ASI ne devra pas fragiliser la qualité, mais renforcer la chaîne du soin.