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Derrière les uniformes : 13 témoignages pour saisir la réalité infirmière en Belgique

Introduction

Le métier d’infirmier·ère est multiple, souvent méconnu et parfois idéalisé. Pourtant, derrière chaque blouse se cachent des histoires, des défis quotidiens, des parcours singuliers. En août 2025, Guide Social a publié 13 témoignages de terrain couvrant diverses pratiques : hôpital, soins intensifs, milieu carcéral, domiciles, santé communautaire, etc. Ces récits offrent une plongée authentique dans la réalité du soin en Belgique. Cet article s’appuie sur ces témoignages, enrichi par d’autres sources, pour dresser un portrait nuancé du métier infirmier — ses enjeux, ses forces, ses limites — et souligner pourquoi il est essentiel de mieux le reconnaître.

1. Un métier pluriel, mille visages

Les témoignages illustrent une vérité : on ne devient pas infirmier·ère pour faire toujours la même chose. Qu’il s’agisse de Seila au bloc opératoire, Denis en chirurgie ou Margaux aux urgences, chaque jour présente un nouveau défi. Au bloc, la concentration est maximale, la technicité au rendez-vous ; aux urgences, les priorités changent en continu. À domicile, le contexte change à chaque patient, entre les soins techniques, l’écoute et le contexte familial.

Cette diversité est une richesse — mais elle exige aussi une capacité permanente d’adaptation. Une enquête de l’Ordre national des infirmiers–ères en France souligne que la variabilité des tâches est l’un des facteurs de satisfaction mais aussi de fatigue (Ordre Infirmiers, 2023).

2. La tension sous pression : contraintes et pénurie

Plusieurs témoins rapportent que la pénurie d’effectifs pèse lourdement. Denis parle ouvertement du sous-financement et de la lutte constante pour préserver la qualité des soins. À l’hôpital, les équipes souvent réduites doivent “filer droit” pour ne pas compromettre la sécurité. Aux soins intensifs, certains jours peuvent basculer entre stabilisation et crise.

Des sources belges confirment cette réalité : le rapport de l’IGVM sur la pénurie infirmière indique un déficit qui met le système de soins sous tension. Les infirmier·ère·s restants doivent couvrir des horaires plus longs, des vacations supplémentaires ou des urgences non prévues.

3. L’humain au cœur du soin

Malgré la technicité, ce sont les interactions humaines qui reviennent le plus souvent. Christine, en soins palliatifs, parle du “moment juste” avec le patient ou ses proches ; Charlyne, en soins à domicile, évoque l’intimité, l’écoute et le partenariat avec la famille. Louise et Eva, infirmières de rue, mettent l’accent sur le lien, la confiance, la dignité.
Ces dimensions relationnelles sont souvent invisibles dans les statistiques, pourtant elles sont souvent les plus impactantes pour les patients. Le concept de “caring” (prendre soin) n’est pas accessoire : il est le ciment de la relation de confiance entre soignant et soigné.

4. L’usure et les stratégies de résilience

Être infirmier·ère n’est pas sans coût émotionnel. Margaux parle d’une pause nécessaire pour se préserver. Marion évoque la fatigue, l’usure du “toujours urgent”. Véronique, qui soigne les personnes sans-abri, mentionne combien il faut “être solide moralement” pour continuer.
Les stratégies de résilience mentionnées incluent le soutien de l’équipe, les supervisions régulières, la formation continue, la réflexivité (écrire, discuter ses cas), et les pauses nécessaires pour recharger. Certaines institutions en Belgique et ailleurs encouragent la supervision clinique, les groupes de parole ou les interventions en bien-être pour le personnel soignant.

5. Le soin au-delà du geste : agir dans le social, le communautaire

Des témoignages frappants viennent du milieu de la santé communautaire ou de la rue. Anne-Cécile, au planning familial, meurt d’un impact relationnel, d’un accompagnement “sans jugement”. Louise et Eva, en soins de rue, combinent hygiène, soin et accompagnement social, en milieu précaire. Véronique soigne aussi les personnes sans-abri, avec peu de ressources mais beaucoup d’inventivité.
Ces acteurs montrent que le métier infirmier peut et doit dépasser le médical pour toucher le social, l’humain, la justice d’accès aux soins.

6. De la reconnaissance à l’action : que faudrait-il changer ?

Ces témoignages, aussi riches soient-ils, pointent des besoins concrets de changement :

  • Conditions de travail : moins de surcharge, plus de personnel, des horaires soutenables.
  • Reconnaissance salariale & statut : que le rôle technique et relationnel compte.
  • Soutien psychologique : supervisions, pauses, gestion de burnout.
  • Formation & évolution : encouragement à changer de service, mobilité interne, passerelles.
  • Valorisation du soin à domicile & communautaire : soutien institutionnel, ressources, financements.

Un article du Moniteur Infirmier souligne que sans amélioration structurelle, la profession risque de perdre en attractivité, aggravant la pénurie.

Conclusion

Les 13 témoignages sont une fenêtre ouverte sur une profession complexe : technique, relationnelle, parfois éprouvante, mais profondément porteuse de sens. Ils rappellent que soigner, c’est faire plus que des gestes médicaux — c’est écouter, accompagner, humaniser, même dans les hiérarchies et contraintes institutionnelles.

En tant qu’infirmier·ère libéral·e, tu es acteur·rice de cette mosaïque. À chaque intervention, tu incarnes ce métier pluriel. Valoriser ces récits, en parler, exiger des conditions dignes, c’est aussi défendre le soin pour tous.

Références & ressources utiles :
  1. IGVM – Pénurie des infirmier·ères et crise du “prendre soin”
  2. Guide Social – “Infirmiers et infirmières : 13 témoignages”
  3. SPF Santé publique / INAMI – pages vaccination, profession infirmière
  4. Ordre national des infirmiers / Moniteur Infirmier (France) — pour comparatif des évolutions
  5. Observatoire fédéral de la santé – statistiques sur les métiers de la santé
  6. Association belge des infirmier·ères (selon ta région) — contacts et ressources locales